Ce silence. Ce silence, il te rendait dingue. Tu ne faisais que les entendre. Tu ne faisais que l'entendre ;
Décor d'horreur planté, une nuit éternelle au creux de ces arbres rachitiques. Ils te regardent eux aussi, ils jouent avec toi. Eux aussi t'accusent. Te susurrent que tout est de ta faute. Regarde-la, cette connasse. Regarde-la cette connasse, à brailler encore et encore, même dans une forêt ! Même dans une putain de forêt où il fait nuit, Evi, elle ne ferme pas sa gueule ! Elle est encore là, silhouette jouant avec tes nerfs alors que tes pas enfoncent un peu plus la terre humide. Tu cours, cours, cours, enfant aux yeux humides d'une culpabilité non assumée - acceptée -. Tes mains serrent encore et encore tes grenades, ta seule connexion avec le monde réel. Ta seule ancre quand ces fantômes reviennent pour toi. Elle est là, là, là, là ! Glisse une main dans tes cheveux, te demande encore pourquoi tu l'as tué. Pourquoi tu n'es pas comme toutes ces autres petites filles parfaites.
« TA GUEULE, TA GUEULE, TA GUEULE ! JE N'AI FAIS QUE CE QUE TU M'AS DEMANDÉ ! »
Ta voix tremblait, écrasée entre tes rires et cette colère profonde. Elle n'avait qu'à s'en occuper elle-même de son chiard ! Elle n'avait pas qu'à être aussi occupée ! Tout est de sa faute, sa faute à elle ! Pourquoi tu devrais prendre le blâme de son irresponsabilité ? Hein, pourquoi ?! Tu cours, souffle court, manquant de chuter. Une fois, puis deux, puis trois. Tu chutes, tes genoux s'écorchent sur les pierres et les racines mouvantes de ce foutu endroit. Lui aussi veut te supprimer. Lui aussi, veut te changer !
« HAHAHA-Tu crois que tu vas m'avoir connasse de forêt ?! Et qu'est-ce que tu dis de ça, hein ? HEIN ?! »
Tu dégainais tout naturellement un feu à main. Tu en avais toujours tout un paquet sur toi. Ils étaient tes guides, tes lumières, tes doudous quand les grenades ne pouvaient plus te protéger. Tu tenais la flamme le plus verticalement possible, agitant frénétiquement celle-ci autour de toi. Ils se dissipaient toujours. Les flammes les faisaient toujours retourner d'où ils venaient. Brûlaient une fois de plus leurs voix et corps ; gommaient lentement leurs ombres oppressantes. Tu avançais d'un pas rapide, rire aigu encore coincé dans la gorge. Adrénaline d'un moment, coeur aux bords des lèvres.
Ce silence. Ce silence, que tu détestais tant. La nuit était à nouveau tombée ; calme et sereine. Emportant avec elle tous tes démons. Tu comptais les chiffres flous dans ton esprit, dansait telle une poupée désarticulée au milieu de nul part. La forêt elle-même pour unique spectatrice. Ce silence, il te rendait dingue mais là, là ! Tu l'aimais ! Plus de cris de ce bébé difforme, plus de voix de ces mères, plus rien ! Rien, rien, rien ! Juste toi et tes feux.
Et pourtant, un papillon sortait de nul part. Un papillon comme t'en avais jamais vu. Créature fragile aux ailes de papier. Si légère et pourtant si intrigante.
« Tu es perdu, toi aussi ? »
Tu t'approchais pour le saisir, emprisonner cette créature éphémère comme le monde le faisait avec toi. Comme cet endroit le faisait avec ton esprit. Tes doigts le frôlent à peine que tu sens ton corps glisser. Noir. Il fait noir d'un coup. Tu chutes rapidement, lâchant ton feu à mains. Tu chutes et t'écrases face à contre terre dans ce qui te semble être un trou. Un putain de trou. Ce connard de papillon voulait ta mort lui aussi ?! Lui aussi t'accusait ?! Les genoux et le corps en sang, tu te redressais, lorgnant la ce que tu jugeais la sortie de la crevasse au-dessus de toi.
« MAIS MERDE, MERDE, MERDE, MERDE !! »
Tes cris s'éclataient contre les parois boisées ; mélange de pierres et de mousses. Prison de ténèbres dont tu ne semblais pas être la seule prisonnière. Une autre silhouette au loin.
Ton feu à mains ! Sans lui, ils reviennent. Tu te plaques contre le mur gelé, mâchoires serrées et mains sur tes autres bâtons. Si tu devais te faire sauter avec cette crevasse pour qu'enfin ils se taisent, tu le ferais. Tu le ferais volontiers !
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Titan
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Titan
Dim 3 Avr - 19:22
La folie les traînera tous dans les mêmes abysses
Quels que soient leur rang, leur appartenance, la folie n’épargne personne.• ft Fay
Foutue idée de merde que d’aller se balader… Foutue idée de merde de penser qu’avec un corps aussi merdique elle pourrait faire quelque chose… Idée de merde, IDEÉ DE MERDEUH PUTAIN !!!
Elle avait été distraite, encore une fois, mais cette fois-là ce n’était pas la boue à ses pieds qui l’avait réceptionné, cette fois la chute avait été bien plus rude. La Folie ne voulait que rentrer à la maison et cette foutue forêt putride avait décidé de la faire chier là et maintenant. Elle avait encore mal à la cheville à cause de Pétunia et voilà qu’une racine avait décidé de jouer avec ses nerfs. Elle en avait sa claque parce qu’aujourd’hui elle était seule. Seule parce que personne ne voulait jouer avec elle.
Mirage parti sûrement voir l’autre Suprême trou du cul, Carnaire qui l’évitait car il en avait eu son saoul de ses cris dans les jardins, Equinoxe qui manquait à l’appel, sûrement parti pour faire son travail. Evidemment que personne ne voulait jouer avec elle, personne ne trouvait ça drôle de l’entendre vriller et rire pour tout à coup lancer pinceaux et toiles dans un élan de rage alors qu’une poussière microscopique était venue ruiner son travail entier. Personne n’avait envie de l’accompagner dans sa folie, tout le monde était trop occupé pour elle. Alors elle s’était occupée seule en allant marcher. Elle ne sait plus pourquoi se balader était une idée merveilleuse pour trouver l’inspiration mais c’était une idée qui lui était venue il y a des heures en ignorant cette blessure qui à cet instant la maintenait clouée. Et maintenant le nuit la recouvrait. Était-ce la forêt ou le monde entier qui était plongé dans l’obscurité ? Aucune idée.
Mais là, le fait était que la douleur sourde qui pulsait dans sa cheville l’avait coincé au fond de ce trou de terre et de mousse. Incapable de grimper sans glisser tant cette jambe merdique lui faisait faux bond. Elle avait les doigts abimés, le dessous des ongles emplis de terre et d’écorce, ses vêtements tâchés et probablement plus d’une tâche sur elle comme celle sur sa joue égratignée.
La Folie ne sait plus depuis combien de temps elle est là. Sûrement longtemps puisqu'elle a arrêté de gueuler comme une acharnée entre insultes, appels à l’aide ou simples vociférations sans mots. Sa voix était même un peu rauque et sa gorge la piquait, elle avait soif d’avoir trop appelé, elle était fatiguée d’avoir essayé de grimper, elle en avait sa claque d’avoir attendu.
Alors elle était là, un peu décalée de ce trou qui la narguait, juste un peu plus loin pour espérer voir un pégu qui passerait par là. Titan était assise à même la terre, en tailleur en train de plier inlassablement des feuilles de papier sous forme d’origamis. Pour chacun plié et parfaitement formé elle le jetait doucement en l’air et il prenait vie, battant doucement des ailes pour voguer autour d’elle. Elle en avait des dizaines autour d’elle comme un essaim infernal de papier taché de terre. Elle en avait tant qu’elle n’avait même pas remarqué que l’un d’entre eux s’était aventuré plus haut, qu’il cherchait sa propre liberté quitte à se brûler les ailes dans les doigts d’une égarée.
Elle l’avait entendue cette voix. Elle n’avait pas su sur le moment si son esprit lui jouait un nouveau tour, lançant une conversation tant elle s’ennuyait avec elle-même. Évidemment qu’elle s’était perdue, abrutie de pensées. Mais non, cette voix ne venait pas d’elle. Pas d’elle-même mais de cette fille perdue, égarés, âme ? Égarés ? Cette fille. Une fille tombée dans ce trou perdu au milieu d’un coin perdu lui aussi.
Quelles étaient les chances ? Les chances d’avoir cette tête bleue qui chuterai au même endroit que la Folie, coincées ensemble dans un puits de désespoir, esseulées à deux. Quelles étaient les chances ?
- Aaaaaah de la lumière ! Merci.
Elle tentait de se relever convenablement mais sa cheville lui faisant défaut, l’élégance était partie probablement aussi loin que le respect dans ces terres. Pour autant elle se tenait debout en équilibre, une jambe pliée dont le pied ne touchait presque pas le sol, entourée de la nuée de papier.
- Merde tu l’as dit. On est dans la merde.
Sa voix rauque lui piquait la gorge et Titan penchait la tête avec l'envie irrépressible de se rapprocher pour scruter les yeux de cette fille. Ces yeux ils étaient emplis d’elle. Une pointe, un souffle de Folie dans cette rencontre inopportune. La coïncidence en était-elle une finalement ? La folie ne draine-t-elle pas tout les êtres vers le même abysse ?
Elle regardait cette fille, sourire appréciateur aux lèvres, les traits marqués par un intérêt nouveau. Elle scrutait les détails, la silhouette, la dynamique, la tension et les expressions de cet être qui avait croisé son chemin. Qu’allaient-elles faire ? Connaissance serait un bon début, après tout Titan en avait sa claque d’attendre seule et d’être incapable de remonter par elle-même.
- Jolis joujoux que tu as là… Tic-tac ma belle, Tic-tac !!
Ces ombres qui dansent ; Ces rires ; échos dans ta psyché se répercutant un peu plus fort à chaque tonalité.
Tu étais là, proie épinglée dans les ténèbres, agitant frénétiquement son feu à mains, ses autres doigts encore resserrés autour de sa dynamite. C'était quoi cet endroit ? T'étais tombée ? Un putain de papillon et te voilà en enfer avec ces maudites voix ?! Ces foutues ombres qui te lorgnent, s'approchent encore et encore de toi pour te rappeler oh combien tu es la fautive ?! Ta respiration se faisait brusque, saccadée ; tes prunelles scrutant désespérément pour une sortie. Une sortie outre que cette crevasse béante au dessus de ta tête dévorée par la pénombre.
Et une voix t'appelle. Une voix que tu ne connais pas ; pas ces voix-là. Une autre. Féminine ; dérangeante. Et dérangée. Un frisson te parcourait l'échine, balayant l'antre moussue d'un nouveau coup de bâton pour y voir une silhouette. Nullement ces ombres qui te hantaient, pas moins ces démons qui te poursuivaient et se riaient d'un instant. Tu plisses les yeux, découvres une jeune femme à la chevelure bicolore ; cette même sensation dérangeant émanant d'elle.
Elle était ce qui dérangeait. Elle était dérangée. Quelque chose tout au fond de toi te hurlait qu'elle était... Comme toi. Folle ? Déraisonnée et perdue ? Pourtant, tu ne pouvais pas retirer cette inquiétude sourde qui battait au fond de ton être ; ne pouvais lui faire face d'un visage fier. Quelque chose en elle te mettait dans un état singulier ; provoquait en toi ces parts restreintes ; écrasées. Cette folie ; ce feu de joie immense que tu gardais sous couvert. Ton souffle se faisait plus sifflant, plus haché, écrasant de tes paumes contre tes tempes ces autres voix. Celles que tu connaissais ; celles de cette chiarde et de ces mères. Ces marâtres mielleuses qui te donnaient la gerbe. Un rire bousculé s'échappait de tes lèvres, tes prunelles rosées continuant toujours leurs allés entre ta personne et cette jeune femme. Était-elle réelle ? Déconnais-tu de nouveau ?
Elle parlait, te remerciait même de la lumière ! Comme si t'allais rester dans le noir et ce silence sans tes feux ! Elle t'a pris pour une dinde ? Il n'y avait que ton esprit pour te jouer de pareils tours. Mais qui était-elle, dans ton monde brisé et halluciné ? Était-ce une représentation foireuse d'une daronne ; une énième ? D'une poule pondeuse qui chiait ses gosses ? Qu'était-elle ? QUI ETAIT-ELLE ?
« Qui t'es, qui t'es, qui t'es... ? Ta tronche ne me revient pas ! Cesse de me jouer des tours pareils, esprit de merde ! »
Ton poing frappait les racines grimpantes ; prison de bois et de mousse, arrachant sous son coup quelques rares pierres qui s'étaient entassées là. Vibration d'un esprit perdu, cherchant réalité et illusion. Existait-elle vraiment, cette femme bicolore ? Délirais-tu pour fuir un enfer pour un autre ? Tu reprenais ton souffle, baladant lentement ton feu à mains sous tes yeux comme pour récupérer ta psyché fuyante. Une ombre boiteuse, t'en connaissais pas. Elle était donc réelle, alors ? Ou ton esprit s'était-il amélioré ? Cette expression avec laquelle elle t'assassinait t'excitait et à la fois, instillait en toi ce même sentiment. Ce mal-être mêlé à l'extase ; une euphorie fascinante et destructrice. Un aimant, pareil à ta personne. Comme si vos deux êtres étaient faits pour se rencontrer. Un sourire chevrotant prenait place sur tes lèvres quand elle complimentait tes bébés. Naturellement tu venais serrer ceux-ci contre toi, chantonnant. Elle les aimait ? Vraiment ? Elle les trouvait même beaux ?
Coinçant l'un de tes feux contre ton coude, tu venais en allumer un second, un sourire à présent défiant sur tes traits. Tu jetais cette seconde torche en direction de la blessée, ta voix fredonnant toujours.
« Tic, tic, tic... Boom! ma chère ! ~ »
Ton pas se faisait de nouveau assuré, venant même te planter à ses côtés pour la dévisager comme elle l'avait fait plus tôt avec ta personne. Cet essaim de papillons... Maudites merdes volantes qui avaient tenté de te tuer ! Tu venais lentement brûler ceux-ci un à un par le bout des ailes, détaillant les flammes grignoter les feuilles ; incandescences chutant lentement contre la terre humide. Devant vous s'ouvrait un chemin étroit, écrasé entre racines, pierres et mousses. Une vieille galerie naturelle. Tu n'étais pas moins sûre que vous y passeriez mais tu avais de quoi ouvrir le chemin. Tu tendais l'un de tes bâtons de dynamite à cette ombre-hallucination qui devait que te connaître.
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Titan
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Titan
Jeu 26 Mai - 16:01
La folie les traînera tous dans les mêmes abysses
Quels que soient leur rang, leur appartenance, la folie n’épargne personne.• ft Fay
Foutue idée de merde que d’aller se balader… Foutue idée de merde de penser qu’avec un corps aussi merdique elle pourrait faire quelque chose… Idée de merde, IDEÉ DE MERDEUH PUTAIN !!!
Titan riait lentement, son qui sortait déformé comme celui d’un automate dont le disque était rayé. Rire fracassé et lent, trop rythmique pour sembler naturel. Elle aimait cette répartie, la petite voix bien singulière qui accompagnait à merveille ces yeux emplis de beaucoup trop de choses pour ce corps.
- ♪ La Folie, la Folie, la Folie ~ ♪
Elle riait à nouveau, plus fort cette fois de la situation qui était on ne peut plus adéquate. La Folie qui rencontre un esprit qui lui sied aussi bien ne serait-il pas le fruit du destin ?
- Ce n’est pas ton esprit beauté, je SUIS la Folie et promis je ne suis pas encore dans ta petite caboche d’amour ~
Elle la regardait avec des yeux carnassiers d’un intérêt ravivé. Titan avait enfin trouvé quelqu’un avec qui jouer. Non non non pas à ses dépends, elle était bien trop intéressante. Mais avec elle, elle voulait apprendre à connaître ce petit cloporte qui semblait sortir du lot et se hisser plus haut qu’aux chevilles des êtres comme elle.
Oh et puis comme elle était mignonne à serrer ses joujoux contre elle, chantonnant comme Titan le ferait de ses petits bébés. Si adorable ! Les yeux vairons s’allumaient à l’unisson de ce second feu de joie qu’elle voyait flamber dans les mains de l’Égarée. Magnifique petit feu d’artifice rien que pour elles ~ Le feu tombant dans les airs, les mains de Titan se faisaient adroites pour le rattraper. Le rire précédent coincé entre mécanique et pensif se faisait hystérique et résonnait dans ce trou à rats.
- BOOM !!!
Ponctuation criée d’une voix joyeuse et enfantine tandis que les bras droits tendus au-dessus de la tête bicolore décrivaient un arc de cercle tel un champignon d’étincelles flamboyant. Alors que cette fille se rapprochait pour la scruter, Titan tendait le visage lentement, dans un sourire satisfait à presque en coller leurs nez si la petite n’avait pas décidé de brûler toutes ses créations les unes après les autres.
- Mon petit essaim… Oooooooooh… N’est-il pas beau dans sa gangue éphémère ~ Ton feu les magnifie ma belle !
Elle souriait et en brûlait un de son feu, embrasant lentement les petites ailes qui cherchaient à aller plus haut sans pouvoir tenir le rythme, ne donnant que plus d’air pour alimenter les flammes qui le déchirait.
Les yeux s’arrondirent à la proposition alléchante de cette jolie tresse bleue. Bâton de dynamite tendu devant elle, chemin bloqué les narguant… La solution était parfaite ! Sans un mot, sans prévenir, Titan venait allumer la mèche du joujou tendu de son feu tout en sautillant en arrière dans un rire et une réponse honnête.
- Moïse étendit le bras sur la mer. Le Seigneur chassa la mer toute la nuit par un fort vent d'est ; il mit la mer à sec, et les eaux se fendirent. fends donc ces terres petit messie, fais ton œuvre !
Elle riait à nouveau, la voix de Mirage tout au fond de son crâne lui ayant cité ce petit passage approprié. Titan regardait tout autour d’elle. Il était là, il n’était pas là mais il était là tout au fond de cette caboche ébréchée. Oh que cette petite explosive faisait ressortir le meilleur en elle !
