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Mar 7 Juin - 16:19
« II y a l'air il y a le vent
Les montagnes l'eau le ciel la terre
Les enfants les animaux
Les plantes et le charbon de terre
 »

Blaise Cendrars


Le message était passé et elle n’avait pas attendu qu’il lui donnât son congé avant de déguerpir à l’arrachée, consciente de l’urgence de la situation. Vivace d’inquiétude. Tant pis si elle jugeait ses méthodes déplorables, tant pis si par ce geste barbare il ternissait encore davantage l’émail de sa réputation, déjà plus bronze que platine aux yeux de cette Égarée, tant pis s’il entérinait l’inimitié qu’elle lui témoignait par instinct, par expérience surtout, sans qu’elle ne pût que deviner quelle profondeur de détresse l’avait obligé à se séparer d’aussi brutale manière de son Picoti. Pourtant Hyll n’avait nulle raison d’en tenir rigueur à Ýrr — fort au contraire. La réaction de cette dernière était signe qu’il ne s’y était pas trompé en lui confiant la charge de Vertu, de la première à la dernière seconde de leur bref, très bref, entretien.
Il faut avouer que le Passeur n’avait effectué un détour sur le chemin de Ciranne qu’à ce dessein : venir chercher la grande dame et lui indiquer où et dans quel état elle trouverait son Oiselle. Ses justifications importaient peu, balayées par l’effroi brûlant que ses directives avivèrent chez son interlocutrice. Mais il ne demandait pas plus que ce sentiment-ci. Qu’elle le trempât ensuite de colère, de dégoût ou d’incompréhension ne le toucha guère ; il avait délivré son exigence — elle y avait répondu.

À l’intérieur du box de rangement vers lequel on l’avait orienté pour y rencontrer Ýrr, jouxtant les écuries, Hyll prit une grande inspiration. Les effluves de cuir graissé, de foin sec, les relents discrets de purin, la chaleur fauve du bétail et le bois odorant des étables ne lui étaient pas désagréables. S’il n’avait pas été lui-même, peut-être aurait-il apprécié travailler ici. Il se serait fait fermier, Potiron pour collègue direct, et sans doute se serait-il contenté de ce labeur agricole, dehors par tous les temps, bêche au poing et hotte au dos, à sillonner la terre sous les cirrus printaniers, à fouler le sol meuble que le soc venait de retourner, à cueillir les fruits de ses efforts sans plus se préoccuper que du lendemain. Est-ce qu’il aurait été un meilleur Passeur s’il n’avait pas été la Vaillance ? Est-ce que son existence avait été telle parce qu’il était la Vaillance ? Encore des questions sans réponse. S’il n’avait pas été lui, il n’aurait pas eu Solstice ; et pour garder Solstice,  sans hésitation ni concession, il aurait renoncé à une éternité de paix.
Maintenant que l’Égarée s’est échappée, il est temps pour lui de rejoindre la Serre où Cicérone, à l’évidence, guette son arrivée. Rien de ce qui s’est produit ces derniers mois n’a dû lui être épargné, sauf qu’encore une fois elle n’a pas bougé. Le désespoir de sa créature honnie ne l’aura pas assez émue pour qu’elle daignât venir à sa rencontre, non, il n’aura pas été suffisant. Tant pis, toujours. C’est lui qui ira à elle.

Quittant la pièce exiguë, Hyll retourne vers l’entrée à double battants de la grange principale. À l’instant où il longe les écuries, il espère avec une moue qu’Ýrr n’aura pas l’idée de placer Vertu dans un de ces casiers à bestiaux, tant la Picoti a été habituée au grand air en toutes circonstances — et tant elle inspire terreur à ses congénères équins à cause de son apparence — quoique ce détail ne soit plus de sa jurisprudence désormais. Elle avisera par elle-même, elle a sa confiance. Qu’elle ne la transforme pas en erreur.
C’est alors qu’une brillance argentée coupe son chemin, manque de lui rentrer dedans à la sortie du bâtiment ; lui s’immobilise sans reculer dans l’encadrement des portes, et son œil glisse vers l’éclat pimprenelle. Son aînée — l’Acceptation. Tout ce dont il n’a plus besoin.

« Azalée. »

Une sentence plus qu’un salut, puisqu’il est des habitudes que même la douleur ne peut altérer.
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Sam 11 Juin - 14:15


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La source de ses affres
Lorsque la peur et le passé viennent à sa rencontre…
La journée était assez fraîche mais sans être glaciale pour permettre à la passeuse d’enfiler ses bottines, une robe légère et se parer d’un châle afin d’aller à pied, elle-même aux étendues d’or. Celles-ci n’étaient pas très loin de son chez-elle, tout au plus une heure de marche dans les plaines qui lui permettrait de parler et jouer avec son esprit. La journée n’était pas chargée et la passeuse pouvait se permettre de traîner pour rejoindre les fermes par là-bas. Elle avait envie de se dégourdir les jambes, de respirer la douce chaleur qui prenait lentement place, chassant le printemps pour un peu plus de douceur.

Juste avant de sortir de chez elle, elle n’avait pas oublier d’enfiler son éternel accessoire dont elle ne se séparait jamais, son chapeau afin de se protéger des rayons du soleil. Une peau toujours pâle malgré ses errances dans les Abords était étonnante et pourtant elle en prenait grand soin, se protégeant de crèmes et de ses habits. Aujourd’hui elle était toute vêtue d’un j’aune pâle et seul le ruban de son chapeau de paille était d’un orange vif, aussi vif qu’un coucher de soleil.

Danses ! Danses encore !
Tu danseras quand ton compagnon jouera hein ?
Tu danseras avec moi ?


Azalée riait et se mettait à tournoyer en plein milieu des herbes hautes, sa sacoche se soulevant avant de revenir taper contre sa hanche, les plis de sa jupe s’ouvrant et se refermant comme la corolle d’un hibiscus doré.

- Regardes je danse déjà un peu avec toi ~ Bientôt nous jouerons encore et nous danserons encore mais pas tout de suite, pas aujourd’hui…. Bientôt !

Elle riait encore, attendrie par cet esprit enfantin qui ne souhaitait que jouer, souffler sa brise, aller et venir au gré des notes. Le vent doux venait l’entourer dans une spirale sucrée jusqu’à soulever ses cheveux d’argent et son ruban orangé. Sa marche continuait, légère, encore un peu jusqu’à ce que les fermes se découvrent et se rapprochent. La passeuse irait d’abord faire un petit tour aux écuries, pas qu’elle ait un petit patient à visiter mais plutôt en tant que gardienne qui pose un œil protecteur sur tous ces animaux qui auraient quelques petits tracas. Elle irait plus tard rencontrer les fermiers pour échanger quelques graines, herbes et autres objets qu’elle avait emporté avec elle depuis son rangement.

Elle lançait un clin d’œil complice vers la plaine, quand étourdie et maladroite elle avança vers la porte de l’écurie sans prendre la peine de vérifier si personne n’en sortait. Évidemment qu’elle allait bousculer quelqu’un avec sa bonne humeur et son inattention.

Lorsqu’elle se retourna pour s’excuser, son sang ne fit qu’un tour en voyant la Vaillance dressée devant elle. Toujours paré de son armure et de cet air sévère, il avait prononcé son nom comme un couperet qui l’accuserait. Un long frisson parcourut son échine et toute sa candeur et ses enfantillages s’écrasèrent au fond de son estomac. A la place un long cri d’agonie vint remplacer l’air frais de son esprit lui hurlant de faire face à la peur qui la remuait pour une fois, vraiment.

Elle n’avait que trop poussé tout cela sous le tapis, ignoré ce sentiment qui la taraudait depuis le bannissement de ce chevalier déchu. Elle n’avait jamais osé s’y pencher, avait avec couardise évité d’y penser. Cette fois, elle n’aurait pas le loisir de l’ignorer. Elle n’était pas comme ça. Pourtant il était tout ce qu’elle avait peur de devenir, tout ce qu’elle voulait éviter.

Il était cet être rejeté de tout. Celui qui n’avait pas pu garder le cap et avait chuté de trop haut, commettant atrocités et horreurs. Celui qui n’était pas et pourtant restait là sans pouvoir vivre pleinement. Il était celui qui aujourd’hui avait tout perdu, celui qu’il était, celui qu’il est, celui qu’il aime… Elle n’imaginait pas ce que cela pouvait être de vivre ainsi et pourtant elle était en colère. En colère qu’il n’ait pas essayé plus, en colère qu’il n’ait pas tenté de réparer ses erreurs au lieu de s’enfoncer toujours plus dans cette situation maudite.

Elle était en colère parce qu’elle était pétrifiée à l’idée que tout cela puisse lui arriver d’un jour à l’autre. En colère parce qu’elle était terrorisée de devenir aussi brisée que cet être dont l’armure ne cachait rien aux yeux de la première passeuse. Elle avait peur des conséquences des défauts des passeurs et du jugement de leur créatrice. Elle avait peur et il symbolisait tout cela malgré lui.

- Hyll… Comment vas-tu ? Enfin… Je suis désolée c’est une question idiote… Tu… tiens le coup ?

Elle n’avait jamais été proche de lui, pas comme elle l’avait été avec Solstice ou encore Equinoxe mais pourtant elle ressentait une peine réelle à imaginer cet homme brisé par la perte de son amant, la seule chose réelle qui importait dans ce monde avec sa Vertu.

- Désolé ce n’est pas la meilleure entrée en matière… Comment va Vertu ?

ft • Hyll
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Mar 14 Juin - 11:29
Azalée, délicat morceau de soleil décroché du ciel — atroce. Avec sa robe florale et son chapeau d’été, fée des champs que l’allégresse transporte insouciante, elle ne pourrait contraster davantage d’avec le Banni qui lui fait face et qui, en l’espace d’une seconde, scrute cette gaieté se décomposer en lambeaux de peur sur son joli visage. Nul doute qu’un Cauchemar tel que Vautour aurait provoqué un malaise similaire chez une jeune Âme, or tous deux sont Passeurs, elle depuis des dizaines et des dizaines de milliers d’années si l’on fait fi de l’Amnésie, et pourtant c’est la même épouvante qui s’escarbille au fond de ses prunelles, le même frisson de pierre sur son échine ombrée de paille, comme si son ancienneté ne pouvait désamorcer la crainte qu’il faisait naître en elle par sa seule présence. Il n’en retire aucune satisfaction. Aucune déception non plus. Aucune navrance — cœur vide d’un quelconque sentiment autre que la lassitude. Qu’elle le juge, le déteste ou le plaigne, lui n’en a plus rien à faire ; là où il part, il ne conservera rien de ces critiques, de ces regards ourlés d’angoisse et de réconfort. Car il le devine, ce clin de soulagement qui dit par chance, je ne suis pas à sa place, ce soupir de ce n’est pas moi qui ai à vivre cela, et comment pourrait-il le lui refuser ? De toutes les marionnettes de l’Originelle, Azalée est sans conteste la plus réussie. Celle dont Cicérone est la plus fière. Serviable, dévouée, loyale et conciliante. Un amour avec les animaux et les Âmes, doublé d’une nature trop souple pour se révolter de front. Elle a résisté à tout jusqu’à présent, quand sous les balles de la cruauté même le Zénith avait fini par succomber à sa condition, à croire que c’est elle l’invincible, l’invulnérable, intouchable Acceptation. Elle toujours ici et Solstice parti. N’auraient-ils pas pu échanger leur sort ? Oh, si on lui avait intimé de la tuer pour ressusciter son amour, Hyll n’aurait même pas hésité — et les jupons tournesol de s’imbiber de carmin autour d’une fleur coupée.
Du gâchis.

« Non. »
Non, il ne tient pas le coup. Il ne tient plus rien sinon sa propre carcasse à bout de forces, plus rien que l’ultime étincelle qui le ramènera à Cicérone pour qu’elle mette un point final à son existence. Ne voit-elle donc pas, en dépit de toute la perspicacité dont elle sait faire montre, combien il a dépassé le seuil de l’épuisement pour n’être plus qu’une ombre au creux de son armure ? Il ne mentira pas, alors elle aura beau être désolée ou s’excuser de sa maladresse, il ne lui pardonnera pas semblable futilité, en ce que tout ce qu’elle saura lui déclarer arrive trop tard. Que pourrait-elle avouer qui le fasse changer d’avis ? Il est trop tard — elle est trop loin. Il ne requiert d’elle ni remords ni compassion, ne cherche ni soutien ni sermon, puisque ce n’est pas comme s’il lui tenait rigueur de n’avoir pas été assez proche de lui pour s’enquérir de ses états d’âme durant son exil. Eux deux n’avaient rien en commun que leur fonction de Passeur, une identité loin d’être suffisante pour nourrir la moindre complicité, et quelque part cette réalité l’arrange aujourd’hui, car cela lui épargne un nouveau déchirement lors des adieux.
Qu’Azalée sache pour Solstice ne le surprend guère. Après tout, sa disparition remonte maintenant à presque quatre mois, et bien que la Vaillance se soit retirée du monde pendant un trimestre, elle se doute aisément que l’information a circulé parmi le cercle des Passeurs jusqu’à chuter dans le tympan de l’Acceptation. Ce que Hyll a davantage de mal à accuser, en revanche, de par la récence des événements, c’est l’interrogation quant à Vertu. Il a certes conscience qu’il s’agit du seul sujet qui intéresse un brin la Passeuse dès lors qu’elle se penche vers son habitus, que de tout ce qui entoure le Banni elle ne trouve du souci qu’à l’égard de sa Picoti — et quoi de plus compréhensible ? —, mais il ne s’attendait pas à ce qu’elle prononce ce nom avec tant d’ignorance. Tant d’innocence. Lui qui croyait que plus personne ne chanterait ces deux notes, il les sent se ficher brutalement entre ses poumons, lui arrachant une dolente inspiration. Vertu. S’interdire de rattraper Ýrr afin de l’accompagner jusqu’aux Grottes. S’interdire de rester jusqu’à ce qu’il soit assuré qu’elle a récupéré l’Oiselle. S’interdire de réclamer le pardon de cette dernière. Il ne l’a pas quittée depuis plus d’une journée qu’elle lui manque comme la pluie au désert. Et il lui faut expirer sa souffrance en silence avant de répondre, pour ne pas risquer de la jeter au visage d’Azalée d’un élan furieux.
« Elle ira mieux bientôt. Il lui faudra du temps, mais elle ne sera pas seule : l’Égarée prendra soin d’elle. »

Sa nuque s’incline d’un cran presque imperceptible, en guise d’au revoir. Il n’a jamais été doué pour les menues conversations, et si son vide intérieur le rend à ce moment moins réfractaire que d’ordinaire à toute sollicitation extérieure, il n’en a pas pour autant suscité le goût de badiner en compagnie de cette inconnue qui fut son ancienne collègue.
« Sur ce, si vous me permettez... »
Abus de langage — bien entendu qu’elle va le lui permettre, n’est-ce pas ? — tandis que, d’un pas contre elle, Hyll indique qu’il souhaite passer sans la bousculer.
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Dim 26 Juin - 22:39


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La source de ses affres
Lorsque la peur et le passé viennent à sa rencontre…
Qu’attendait-elle de ce pilier brisé ? Qu’il tienne encore quand un tsunami venait de le frapper de plein fouet ? Impossible même pour une telle stature de supporter un cœur si brisé. Elle avait une peine immense pour lui, pour Solstice, pour Equinoxe, pour Vertu, pour Aurore… Elle se demandait d’ailleurs où pouvait se trouver cette dernière. Loin, très loin dans ses montagnes elle l’espérait.

Pourtant ses yeux revenaient à ce monument stoïque qui n’en pouvait plus et donc ce seul mot. Non. Claquait comme un fouet aux oreilles de la passeuse. Évidemment qu’il ne tenait plus debout, évidemment que ça n’allait pas, pour qui le deuil pouvait-il aller ?

Elle s’imaginait ce pauvre être terrassé par le chagrin comme elle imaginait la petite bicolore, sœur de ce nouvel ange qui ne pouvait toujours pas se remettre sur pieds et tout à coup Azalée faillit défaillir. Ses jambes manquèrent un instant de se dérober sous elle quand une pensée fugace traversa son esprit. Et si c’eut-été Israfil ?

Étrange sensation, ils n’étaient ni amants ni partenaires, il n’étaient que miroirs contraires et duo de milliers d’années et pourtant elle faillit se faire briser par ce chagrin imaginaire l’espace d’un instant. Son empathie aidant le sentiment à s’infiltrer loin en son cœur, elle tendit une main, la mine contrite et honnête et pourtant elle ne toucha pas l’épaule de la Vaillance déchue.

Elle n’osa pas. Non pas par peur mais par respect car elle craignait qu’il interprète cela comme de la pitié. Ils n’étaient pas assez proches pour qu’elle puisse lui offrir quoi que ce soit d’autre que ses mots. Alors elle se rétracta légèrement gênée de cet élan étrange.

Et puis, alors qu’elle pense aborder le sujet parfait pour raviver un peu le cœur perclus de ce pauvre banni, voici qu’elle touche et fait mouche. L’expression de l’Acceptation se fait momentanément étrange, mélange entre incompréhension et appréhension. Que veut-il dire par ces mots ? Qu’a t’il fait ? Que va t’il faire ?

La passeuse n’accepte pas une telle réponse, pas d’entre deux eaux, pas de tiède comme cela. Elle ne veut pas de demi mots de la part de celui qui a toujours eu une franchise brutale. Il ne lui dit pas tout, et peut-être ne sont pas là ses oignons, peu lui importe car l’abandon de Vertu par la Vaillance n’augure rien de bon.

Un instant derrière les paupières de la Passeuse défilent ces images terribles de la Vaillance qui perd pied. Elle revoit cette scène atroce de Vertu, elle revoit ces scènes monstrueuses dans Ciranne, elle voit cet être majestueux et intrépide chuter de si haut qu’il arrive à créer une peur fondamentale en elle. Est-il le prémisse de ce que tout les passeurs deviendront un jour ?

Alors elle ne réfléchit pas, elle laisse cette peur qui bouillonne dans son ventre prendre le dessus. Il n’ira pas à Ciranne. Il n’ira pas réitérer ce massacre qu’il y a eu lieu il y a tant de siècles. Elle ne le laissera pas faire quoi qu’il en coûte.

Elle n’a pas réagi à ses premiers mots tant elle était là à s’imaginer la suite alors quand il cherche à prendre congé d’elle, la fleur se dresse, pieds plantés au sol et des yeux féroces et défiants fixant cette armure stoïque.

- Tu abandonnes Vertu ? Tu la laisses au soin d’une Égarée ? Connaît-elle comment prendre soin des picotis, surtout de ta Vertu ? Oh je sais que je pique ton cœur, là où il reste un amour flamboyant qui ne s’est pas éteint… Tu souhaites prendre congé ? Non Hyll, que vas-tu faire ? Tu n’iras pas à Ciranne… Hors de question.

Elle redressait le menton pour toiser ridiculement ce géant dont elle barrait la route et qui d’un revers aurait pu la briser telle une brindille. Mais la passeuse recelait bien de l’agilité et des ressources et elle se tenait prête à faire barrage à la déferlante de violence qu’elle s’imaginait. Elle n’était peut-être plus autant la marionnette de Cicérone mais jamais elle ne laisserait la peine d’un homme, d’un veuf, d’un banni, d’un passeur et de toutes ces facettes réunies faire du mal aux âmes là-bas.

- Que fomentes-tu Hyll ?

ft • Hyll
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Ven 1 Juil - 14:22
Peut-elle sentir, cette corolle d’argent, à quel point la Vaillance est elle-même à fleur de peau, nerfs à vif depuis trop longtemps maintenant pour ne pas considérer le simple élan de cette main tendue comme une menace à son encontre ? Depuis la mort du Soleil son espace vital est devenu une fournaise où la moindre intrusion attise en lui des réflexes de violence, à l’instar d’un chien sans maître qui ne saurait plus que mordre tout ce qui passe à portée de sa gueule, bien qu’il puisse dans un même temps compter sur la béance ayant pris la place de son cœur pour y jeter ce trop-plein d’agressivité comme en un puits sans fond, et ses impulsions d’y disparaître dès lors que ce qui les avait provoquées se retire loin de son épiderme. Azalée ne semble pas comprendre ses intentions, quand lui n’essaye même pas de les lui expliciter ; à quoi bon ? Rien de ce qu’elle saurait dire, rien de ce qu’elle pourrait faire ne serait en mesure de le retenir. Il est trop tard depuis trop longtemps pour le faire renoncer à ses ambitions, aussi morbides soient-elles, et s’inventer de factices raisons de converser avec la Passeuse ne réussirait qu’à retarder l’échéance sans pour autant l’adoucir. Au contraire. Alors qu’Hyll a vu le glas se rapprocher chaque seconde un peu plus avec un soulagement presque douloureux, voilà que la présence de l’Acceptation en rallonge l’écho funèbre d’une atroce manière, interminable note suspendue dans l’esprit de la Vaillance qui n’aspire qu’à clore cette symphonie gâchée.
Sauf qu’Azalée ne le lui permet pas. Face à lui elle renforce ses appuis afin de lui tenir tête en un contraste saisissant — si fragile et si déterminée — dont la soudaineté a le mérite de surprendre son collègue. De le contrarier aussi. Pourquoi faut-il qu’elle s’oppose à lui en cet instant ? Voilà des années qu’il n’a pas entendu parler d’elle, qu’elle n’a pas moufté, qu’elle n’a sans doute même pas tenté de s’enquérir de lui ni de Solstice et la voici fiérote à cette heure, toute de verve et de véhémence latente, à sous-entendre qu’il a fait un mauvais choix quant à l’avenir de Vertu, sa Vertu, à narguer ce même amour déchu par quelque rance flatterie qui n’a pour effet que d’aviver l’écœurement qu’il éprouve, comme si elle connaissait mieux que lui le brasier où se sont noyés ses sentiments, comme si elle croyait mieux que lui en la vitalité de cet incendie à l’agonie dont il ne sait que trop bien qu’aucun feu ne jaillira plus des braises.

Oui, il abandonne Vertu. Oui, il la laisse au soin d’une Égarée. Oui, celle-ci ignore comment s’occuper des Picotis — et puis quoi ? L’Oiselle est un squelette. Grandiose et miraculeux peut-être, mais un squelette. Elle ne peut plus mourir autrement qu’en se brisant le crâne. Elle n’a même plus besoin de se nourrir. Durant trois mois elle a veillé à l’entrée des Grottes tandis que son maître s’était statufié au fond d’une cellule, sans nécessiter aucun soin ; elle pouvait aller où bon lui semblait, à l’envi, car en tant qu’animal elle devine d’instinct ce qui est bien pour elle. Et s’il est vrai qu’elle ne comprendra pas tout de suite l’absence d’Hyll, lui espère qu’elle se laissera pas dépérir en retour, qu’elle trouvera en Ýrr la volonté de continuer à vivre. C’est là son vœu le plus ardent, le seul peut-être, inscrit sur son testament.
Cependant, qu’Azalée le prenne pour un irresponsable sans cœur ni cervelle n’est pas ce qui irrite le plus la Vaillance, non, loin de là. Qu’elle le fustige encore sur ses décisions si cela lui chante, elle ne récoltera que son mépris le plus massif — mais qu’elle lui interdise de se rendre à Ciranne ? Qu’elle l’empêche d’en finir avec son existence ? Jamais il ne l’acceptera. Qu’elle se dresse donc contre lui, il abattra les obstacles à mains nues, la piétinera s’il le faut. Aucune muraille ne sera assez haute pour qu’il recule devant. Jamais. Il est la Vaillance, et elle ? Elle n’est qu’une modeste fleur.
« Rien qui vous concerne. Hors de mon chemin. » opposa-t-il sur un ton similaire. Il ne lui devait aucune justification : le glas stridulait à ses tympans, vrillait à ses tempes — l’unique son capable de le commander.

Sa dextre se leva, reflet dangereux du mouvement avorté par l’Acceptation à peine quelques secondes auparavant. Elle se tendit avec une lenteur étrange en direction de la Passeuse, pareille à cette claque qui s’amorce contre le vol d’un insecte, avant d’empoigner son col d’un coup vif pour le relever d’un cran ; il ne la soulevait pas encore de terre mais si les circonstances l’exigeaient, quelques centimètres vers le haut et les semelles de son collègue se décolleraient, à défaut de sa tête. Le geste se voulait dissuasif davantage que brutal, sauf que comme souvent avec Hyll, les deux se conjuguaient dans sa voix comme dans ses manières, et son iris s’était assombri tel un ciel d’orage penché au-dessus d’Azalée.
« Ne vous opposez pas à moi si vous ne souhaitez pas finir pétrifiée. »
Un avertissement aux allures de danger imminent.
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Ven 1 Juil - 17:06
Précisions sur sa forme Élite:



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La source de ses affres
Lorsque la peur et le passé viennent à sa rencontre…
Elle était campée sur ses positions la petite fleur. Le vent lui-même ne laissait que les rubans de son chapeau et le bas de sa robe flotter autour d’elle en un simulacre de vie de la statue qu’elle était devenue. Elle ne bougerait pas, elle y était déterminée. Ce n’était pas ce jeune passeur qui viendrait la défier elle. Mince, elle n’était pas la première créée pour des fraises et ce rôle-là lui tenait à cœur bien que les responsabilités en soient bien lourdes. Elle ne se pardonnerait jamais de ne pas s’interposer pour éviter un drame.

Il restait étrangement silencieux. Non que ce soit étrange de sa part mais ça l’était du point de vue d’Azalée qui pensait avoir abordé un sujet cher au cœur de la Vaillance qui aurait mérité une réaction, une défense, un rejet… n’importe quoi. Cela concernait Vertu après tout et la passeuse pensait que la picoti représentait beaucoup plus pour Hyll qu’un simple animal de compagnie et bien que la pauvre soit maintenant sous forme squelettique, son mental n’en était pas moins celui d’une de ces créatures dont la confiance était chose fragile, difficilement obtenable et si facilement brisable. Non visiblement la Vaillance corrompue n’en avait cure de cette pauvre Vertu car tout objectif malsain en tête il cherchait à la repousser aussi violemment par ses mots que par ses gestes.

L’égo maigrichon de la première passeuse était piqué au vif de se faire attraper ainsi, telle une marionnette idiote qu’on pourrait malmener et dont on disposerait. Pour qui se prenait-il ? Croyait-il être invincible dans son armure et paré de son deuil ?

La passeuse releva le menton, l’air mauvais en toisant ce blondinet alors qu’elle grandissait et se changeait sous son oeil. Le soleil avait pâle figure face à la première passeuse transformée, irradiant de tout son être d’une aura mystique, sa couronne bien enfoncée dans la peau de son crâne, laissant des flots carmins teintes ses cheveux d’albâtre. Ses bracelets se faisaient lourds et ne lévitaient plus mais pour autant l’Acceptation ne perdait rien de sa force ni de sa puissance.

Sa voix presque inchangée, toute aussi douce et calme se parait seulement d’une profondeur étrange et d’un timbre un poil plus grave, androgyne. Elle se répercutait forte tout autour d’eux alors que l’Élite toisait cette fois le banni de haut, de très haut. Sa main n’avait pas pu retenir le col de sa robe puisque celui-ci s’était évaporé au même moment que l’apparence banale d’Azalée pour se fondre parmi les humains.

- Je m'opposerai si je le souhaite, il est hors de question qu’un massacre de plus ait lieu de tes mains.

Elle le regardait sans haine mais sans aucune bienveillance non plus. Son visage était implacable et décidé, la première passeuse le ne laisserait pas faire quoi qu’il en coûte, même si elle devait elle-même ramener le corps meurtri de ce chevalier maudit auprès de sa créatrice et en assumer les conséquences. Qu’elle soit bannie elle aussi pour avoir agit ainsi, peu lui importait car elle ne dérogerait pas à la protection qu’elle offrait en cet instant à Ciranne.

- Encore une fois… Que formantes-tu ? Hyll .

Chaque mot était appuyé et asséné telle une gifle dans le visage du borgne. Azalée n’en avait cure. Elle en avait simplement trop sur les épaules, trop de ce simulacre, trop de cette mascarade, trop qu’on le croit à la solde de l’un ou de l’autre, qu’on la croit faible et fragile. Il n’en était rien. Rien de tout cela.
ft • Hyll
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